Ce matin, Eryn se sentait si bien ! Le soleil brillait, il faisait beau et chaud, l’été venait d’arriver. Comment pouvait-on être de mauvaise humeur avec tout ça ? Elle s’était rapidement douchée, habillée, coiffée, puis elle avait dévalée les escaliers et planté un bisou sur la joue de son père. Comme d’habitude, elle ne voyait pas que de jour en jour, il faiblissait et perdait des forces. Il n’avait même plus la force de sortir… pourtant, Eryn se persuadait toujours qu’il n’avait rien, qu’un peu de bon temps lui ferait du bien, qu’il lui suffisait de se comporter normalement pour qu’il aille mieux.

- Salut Papa ! Alors, t’a vu comme il fait beau ? Faut pas rester enfermé des jours comme ceux-ci !

Il se contenta de grommeler et de retourner d’un pas lourd et trainant dans son bureau, la pièce qu’il ne quittait que pour manger, aller aux toilettes et dormir. Eryn soupira, troublée malgré tout dans sa bonne humeur. Pourtant, elle reprit bien vite son visage souriant et son pas sautillant lorsqu’elle avala rapidement son p’tit dej’, puis qu’elle attrapa son sac en bandoulière contenant ses affaires primordiales – donc son carnet à dessin et son stylo fétiche – et sortit. Une fois sur le porche, elle inspira l’air frais et eut un immense sourire. Puis elle dévala les quelques marches et se mit en route à travers à la ville, son sac tapant contre sa hanche à tout ses mouvements. Elle adressait un signe de tête souriant à chaque personne qu’elle croisait : elle les connaissait tous depuis sa naissance, et tous l’aimaient bien. En tout cas quelques minutes. Elle prit quelques minutes à discuter avec une vieille dame tandis qu’un groupe de jeunes de son âge ricanait en la voyant. Un peu déçue et vexée tout de même, elle abrégea sa discussion et gagna d’un pas nerveux les portes de la ville. Elle les dépassa en trombe et immédiatement retrouva sa joie de vivre.

Seule, c’était ainsi qu’elle préférait être. La jeune fille eut un instant d’hésitation puis se mit en marche. Bientôt, seule la végétation de la forêt l’entourait. Elle continua de marcher, longtemps. Très longtemps. Et puis elle arriva à l’endroit voulu. Là où la rivière était plus profonde que dans les autres endroits. Elle enleva ses chaussures, les posa à côté d’elle et trempa ses pieds dans le liquide fluide. La demoiselle soupira d’aise, s’étira et s’allongea, les pieds toujours dans l’eau. Elle passa ses mains derrière sa tête et ferma les yeux. Elle adorait sentir le soleil sur sa peau, surtout lorsqu’elle était seule… Mais l’était-elle ?