Elle ne semblait pas à l'aise en compagnie de mon compagnon. Une fois arrivé à destination, je lui demanderai de s'éclipser. Il n'y verrait aucun inconvénient, et puis je ne pense pas qu'il se sentirait à l'aise avec la jeune Candice. Bien que j'essayai de le rassurer, il savait pertinemment qu'elle n'était pas bienveillante. Je le savais aussi, mais je me disais que pour un soir seulement, je n'en prêterais aucune attention. Avant d'être quelconque créature, elle restait un enfant, une jeune fille de 9 ans. Et je crois qu'elle appréciait le fait que je ne la considère comme tel.

Les ailes de Candice se mirent à frémir. Elles se déployèrent avec aisance dans son dos. La jeune fille abandonna sa cape, sur le perron.

- C'est parti.

Aussitôt ces mots prononcés, elle s'envola. Zynthyo me lança un regard complice puis il s'envola à son tour. Il était impressionné par la facilité qu'elle avait de voler. Mais c'est justement cette facilité, et ses grandes ailes noires qui l'inquiétait.

Lors du trajet, mon compagnon recommença à me mettre en garde contre la jeune demoiselle. Il soupçonnait qu'elle ai été envoyé dans le seul but de détruire ou de tuer les habitants, les dieux, nymphes, demi-dieux et autres créatures magiques qui peuplaient notre continent. Que notre mission était justement d'éliminer les personnes dans son genre. Que mes agissements n'étaient pas sages, voir même irrespectueux envers Atlantide. La laisser en vie, revenait à sacrifier de nombreuses autres vies. Je lui dis sèchement de se taire. Je me rendais bien compte qu'il avait raison, je le savais tout ça. J'en assumerais complètement les conséquences le moment voulu. Il me prévenu que j'avais déjà tuer l'un de son espèce, ils étaient extrêmement dangereux. Qu'elle m'attirait surement dans un piège, dans le but de le venger. Je ne répondis plus. Nous restâmes tout deux dans le silence. Enfin, un silence apparent car, pour Candice, qui ne pouvait entendre nos pensées, nos étions tout deux silencieux depuis notre départ de l'auberge. À mon avis, elle avait très bien comprit que mon compagnon et moi pouvions communiquer par la pensée.

La forêt était sombre, noire, on entendait néanmoins quelques bruits d'animaux qui erraient par là. Mais tout était relativement calme. Nous arrivâmes à la clairière, qui était je le reconnais, très agréable. Zynthyo poussa un léger rugissement, histoire d'indiquer aux animaux, ou créatures trop curieuse de passer leur chemin, sans nous déranger. Nous devrions donc, normalement être tranquille pour la soirée. Je descendis du dos de mon compagnon et je lui indiquai de partir. Il ne le voulait pas, il lançait des regards méfiants vers la jeune fille, en qui il n'avait pas complètement confiance. Je le caressai doucement et lui demandai de s'en aller. Qu'il devait me faire confiance, à moi. Que quoi qu'il arrive, je savais me défendre. Il déploya ses ailes et parti alors. Je me retournai vers la jeune demoiselle, que j'avais plus ou moins délaissé depuis notre départ de la taverne. Je m'approchai d'elle et lui dis:

- C'est un très bel endroit.

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je me sentais bien avec elle, peut-être que l'alcool y était pour beaucoup. Je lui fis de nouveau un sourire, pour la mettre en confiance. Elle n'avait rien à craindre de moi, du moins pas se soir, j'espérais quand à moi, n'avoir rien à craindre d'elle, même si, pour elle aussi, il ne s'agissait que pour une nuit.

Je respira à fond l'air ambiant. J'adorais cette sensation grisante qu'était celle de voler. Passer au dessus des maison endormie, s'imaginer les enfants confortablement installés dans leurs lit, leurs peluches à côté d'eux... Ils n'imaginaient même pas la chance qu'ils pouvaient avoir. Je poussa un bref soupir inaudible.
Sans regarder derrière moi si le dragon suivait - après tout, il en était forcément capable, vu sa carrure - je profita de la vue.

Je n'aimais pas tellement le silence, derrière moi. Comme j'étais certaine qu'ils pouvaient communiquer, je me demandais bien ce qu'ils pouvaient se raconter... Après tout, pourquoi je lui faisait confiance ? A Louise. Je venais de la rencontrer. Je n'étais pas censée me faire des amis. Bien que je ne la considère pas comme une amie. Je ne la connaissais pas assez.

J'avais le temps de réfléchir, avec tout ce temps dans les airs. Évidemment, voler était comme une seconde nature pour moi, pas la peine donc de se concentrer. Mes ailes savaient où je voulait aller, ça suffisait.

Pourquoi étais-je là ? Comment en étais-je arrivée à me balader dans les airs avec derrière moi un dragon et sa dragonnière ? Mes patrons allaient être furieux. Mais nous avions quartier libre pour la nuit. Alors je faisait ce que je voulait. Pas de tueries, qu'ils avaient dit. Bon, pour ce nourrir, si, mais pas de meurtre prémédité. Pas encore. Ce n'était pas le moment.

Nous survolions la forêt, à présent. Je commençais à me détendre. J'étais en territoire connu. Il faisait très sombre, presque nuit noire, mais j'arrivais très bien à me déplacer. "Vue infra-rouge", qu'ils nous avaient donnés. Pas inutile !

Enfin, on fut arrivé. Je descendis en piqué sur la clairière et atterris très gracieusement. Le dragon atterrit derrière moi et je me retourna immédiatement. La confiance ne régnait pas, je voyait. Il me lançait des regards méfiants. Exprès, je lui adressa un sourire arrogant. Bon, c'était pas très malin de provoquer un dragon, mais je n'avais pas pu m'en empêcher...

Enfin, il partit. Louise dut alors remarquer que j'existais encore et s'est approchée de moi. Je dus me faire violence pour ne pas reculer. Je n'étais pas là pour me battre. Juste pour passer un peu de bon temps, avec, enfin, quelqu'un qui n'avait pas peur de moi !

- C'est un très bel endroit.

Oui, effectivement. C'était bien pour ca que je lui avais proposé cet endroit. Je me détendis. Je connaissais bien cet endroit. J'Y venais souvent... pas pour des raisons de détente, mais pour une fois, j'allais faire une exception.

- Oui, je sais. J'y viens souvent. Mais la plupart du temps toute seule.

Je ne sais pas pourquoi j'avais dit ça. Peut-être pour lui montrer qu'elle était une exception, que je n'y menais pas tout le monde.
Je me retourna et inspira profondément. Toute une série d'odeurs m'assaillirent instantanément. Celles des cerfs. Des biches. Des chevreuils. Du gibier... J'en salivais. Mais non, ce n'était pas le moment, absolument pas. Je soupira de dépit. Ce serait pour plus tard. Je me retourna vers Louise et revient au sujet de son dragon. Ça m'intriguait vraiment.

- Tu peux parler avec lui ? Le dragon, je veux dire. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Je ne savais pas si elle répondrait. Après tout, c'était personnel. Mais la curiosité est un vilain défaut. Et un vilain défaut, j'en avais tout plein.

Je me demandai si elle m'en voulait de l'avoir plus ou moins délaissé lors du passage furtif de mon dragon. Le silence qui avait persisté lors de notre petit trajet, avait dû être pour elle assez désagréable. Surtout si elle avait déduit que lui et moi pouvions communiquer.

- Oui, je sais. J'y viens souvent. Mais la plupart du temps toute seule.

Étais-je donc une exception? Je me sentis flattée de cette remarque. L'endroit était calme, paisible. Un vrai trésor dans cette forêt.
Candice, se retourna, inspira. Je cherchai des yeux ce qui lui faisait exactement agir de la sorte. Mais, n'y voyant rien je me mis à observer le ciel. À vrai dire, le ciel était la seule chose que je voyais clairement, la forêt était bien trop sombre pour que je puisse y voir à plus de 2 mètres. La jeune demoiselle se retourna de nouveau dans ma direction puis me demanda:

- Tu peux parler avec lui ? Le dragon, je veux dire. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Je me mis à la fixer. J'avais l'habitude qu'on me pose des questions sur lui. Mais je ne savais pas vraiment si c'était une bonne idée de lui répondre. Déjà qu'en temps normal j'évitais de dévoiler trop d'informations sur moi et mon dragon. À vrai dire j'évitais de parler de moi tout court. Enfin... j'évitais de parler en faite.

Pour ce coup là, alcool ou pas, rien ne me ferais délier la langue. Du moins, je ne le pensais pas. Je me mis à regarder autour de moi, naturellement mimant d'observer les lieux. Je tentais désespérément qu'elle comprenne que je ne répondrai pas. Je posai de nouveau le regard sur Candice, qui attendait toujours une réponse de ma part. Je poussai un léger soupir, elle ne lâchait rien du tout. Têtue cette petite. Je lui fis alors un bref signe de tête, pour acquiescer à sa question. Je venais de céder, je n'aurai pas dû. Mais lui résister était bien plus dur que de tenir tête à une brute épaisse. Pour ne pas qu'elle rebondisse sur cette petite faiblesse de ma part, je lui dis à moitié amusée:

- Ça sera tout pour l'interrogatoire, merci.

Je me demandai vraiment pourquoi j'étais comme ça, en temps normal je l'aurai tout simplement ignoré, n'aurai même pas daigner esquisser un sourire. Ça devait être l'alcool, c'était surement ça.

Histoire de continuer sur cette pente savonneuse que j'avais déjà bien entamée, j'enlevai mon épée dans mon dos. Je voulais m'allonger pour observer les étoiles, et l'avoir ainsi était assez désagréable. Je ne posai pas un regard sur Candice, j'étais vraiment imprudente, inconsciente. Je ne devrais pas lui faire confiance. Si Zynthyo était là, il m'aurait passer un sacré savon. Je lâchai ma grande épée au sol, puis je m'allongeai. Gardais les yeux aux ciel, observant tranquillement les étoiles. Je jetai un regard vers Candice, et lui fis un signe de tête pour qu'elle vienne près de moi. Le même que j'avais utilisé pour lui proposer de me rejoindre hors de la taverne.

Elle me fixa et ne répondit pas. Évidemment, elle n'était déjà pas bavarde comme ça, alors si en plus je lui posais des questions indiscrètes... Elle ne répondrait certainement pas. Mais je voulais vraiment ma réponse. Je la fixa pour lui faire comprendre que je n'abandonnerais pas. J'étais pleine de ténacité. Elle le remarquerait bien vite.
Elle se mit à regarder ailleurs. Signe qu'elle ne voulait pas répondre, évidemment. Mais je n'abandonnais pas. Je la regardais encore et toujours dans le silence qui s'éternisait. Les seuls bruits qu'on pouvait entendre étaient ceux du vent dans les arbres et les alléchants bruits des animaux alentour. Elle ne voulait pas me le dire, et moi je voulais savoir. Dilemne, pensais-je avec un sourire intérieur. Aucune de nous deux ne voulait laisser tomber. Elle soupira. Je la fixa, imperturbable. Si elle croyait que j'allais laisser passer, elle ne me connaissait pas. Non. De toute manière elle ne me connaissait pas. Elle n'aurait même pas dû se trouver là, et moi non plus. Mais le destin en avait a priori décidé autrement.

Enfin, alors que le silence s'éternisait de plus en plus, elle abandonna. Elle hocha la tête pour répondre à ma question. Je souris une nouvelle fois. Dis donc, je souriais souvent, ce soir. Pas normal. Mais j'étais contente de cette petite victoire.

- Ça sera tout pour l'interrogatoire, merci.

Elle avait l'air à moitié amusée. Elle ne m'en tenait donc pas rancune. Tant mieux. Hein ? Depuis quand tenais-je rigueur de ce que les autres pensaient ? Cette Louise me changeait vraiment. Étrange. Qui était-elle donc ? Mais elle ne dirait rien de plus, et je m'en contenterais. J'avais dû insister pour qu'elle hoche la tête, alors plus... Malgré ma ténacité, je n'avais pas beaucoup de chance d'avoir plus d'information sur elle.

Elle enleva son épée sans plus faire attention à moi. Mais... était-elle inconsciente ? Je ne la connaissais pas, elle ne me connaissais pas... Comment pouvait-elle faire confiance au point de lâcher sa précieuse arme. Je lui lança un regard sceptique, qu'elle ne vit pas : elle s'était allongée et regardait les étoiles. Très imprudent, tout ça. Pensait-elle donc que je n'étais qu'une pauvre petite fille sans défense ? J'eus envie, pendant un bref instant, de lui montrer qu'elle avait tort, mais j'abandonnai bien vite cette idée. Pour une fois que je "parlais" avec quelqu'un sans m'énerver, que je pouvais me détendre, je n'allais pas gâcher cette occasion. Ce n'était qu'une soirée. Demain était un autre jour, mais pour le moment, il fallait que je me détende. J'étais préparée, si c'était un piège, au pire. Elle me fit signe de la rejoindre. J'hésita pendant une brève seconde. Puis je la rejoigna. Je m'assis à ses côtés, mais je resta assise. J'enlaca mes jambes de mes bras et regarda vers le ciel. Il était bien dégagé, les étoiles bien visibles. Jamais je n'avait encore regardé les étoiles comme ca. En tout cas pas depuis que j'étais ici. C'était vraiment beau. J'écarquilla les yeux de surprise. Je ne pensais pas que les étoiles étaient si jolies. Elles paraissaient tellement libres...

Elle resta immobile un instant, puis me rejoignit. Cependant, elle ne s'allongea pas, elle resta assise près de moi. Elle se tenait les genoux et admirait comme moi les étoiles éparses. Celles-ci étaient vraiment belles se soir. Elle scintillaient inlassablement dans le ciel sombre de la nuit. Je ne jetai que très rarement des regards vers Candice, histoire de m'assurer qu'elle était encore là et que ma présence ne l'importunait pas.

À tout moment elle pouvait m'attaquer, et allongée ainsi, sans mon épée, je n'avais pas beaucoup de moyens de défense. Il me restait la dague utilisée contre la brute à la taverne mais c'était tout de même loin d'être prudent de ma part. Je ne me reconnaissais pas, j'avais l'habitude d'être réfléchie, posée, consciente des dangers et à cet instant précis, je me faisais cruellement preuve d'inconscience.
D'un autre côté, c'était avant tout une enfant. Juste une enfant. Depuis combien de temps on ne l'avait pas considéré simplement de cette manière?

On resta là, en silence, à observer les astres lumineux. On entendait le bruit du vent dans les branches des arbres, c'était extrêmement reposant. Je ne sais pas combien de temps on resta toute deux cloitrés dans le silence. Ça ne me dérangeait pas du tout, mais je ne savais pas si ne pas parler l''importunait. Je voulais qu'elle passe une soirée agréable, et peut-être que mon mutisme naturel lui déplaisait.

Puis soudain, une étoile filante apparu dans le ciel. Je l'utilisai comme prétexte pour interrompre le silence dans lequel on se logeait toute les deux jusqu'à présent.

- Tu as fait un vœux?

En temps normal je ne croyais pas trop dans ce genre de trucs, mais ce soir, pourquoi pas, tout était permis. Je me mis à regarder Candice, attendant patiemment une réaction quelconque de sa part.

Les yeux fixés sur les étoiles, Louise paraissait vraiment vulnérable, surtout sans son épée. Je trouvais ces armes bien trop lourdes pour des femmes et pas très esthétique, mais il fallait bien qu'elles se défendent. Heureusement que je n'en avais pas besoin, personnellement. Mais je la trouvais bien imprudente.
Elle me lançais de temps en temps des regards en coin. Pour vérifier que ne l'attaquais pas ? Peut-être. Je n'en savais rien, et je ne le saurais sans doute jamais.

Combien de temps cela faisait-il que je m'étais pas tranquillement assise pour regarder les étoiles dans la forêt avec quelqu'un qui ne prenait pas peur en me voyant ou en me méprisant ? Depuis que j'étais arrivée à Atlantis, ça n'était jamais arrivée. Ça, j'en étais sûre. J'étais vraiment reconnaissante à Louise.

Le silence continua, encore et encore. Oh, comme ça faisait du bien... Ce calme apaisant, ce silence nullement gênant était vraiment très reposant. J'appréciais le fait qu'elle ne parle pas pour boucher le silence, de parler pour ne rien dire. Soudain, au bout d'une éternité, une étoile filante traversa le ciel. Je sursauta et la suivis des yeux avec une nostalgie grandissante. Oh, non, ce n'était vraiment pas le moment...

- Tu as fait un vœux?

Elle en avait profité pour relancer la conversation. Je commençais à me sentir mal. J'essaya de lui répondre le plus normalement possible, mais je ne suis pas sûre que ça ait totalement marché...

- Non, je n'y croie plus. Plus maintenant...

Ma voix avait dérapé sur la fin. Et mince... Je baissais la tête en espérant qu'elle n'ait rien remarqué.Les souvenirs affluaient, maintenant. Je me rappelais nous trois, mes parents et moi, à la fenêtre, observant les étoiles, guettant la moindre étoile filante. Dès que quelque chose bougeait, comme je criais "là "! là !" en m’excitant et en pointant du doigt ladite étoile. Mon émerveillement, à chaque fois, le doux rire de ma mère et la voix bourrue de mon père... Dire qu'à cette époque je ne pensais pas que j'étais au paradis, par rapport à maintenant... Espérant que Louise avait repris son observation des étoiles et donc ne faisant plus attention à moi, je cacha mon visage entre mes mains. Je sentis vite sous mes doigts le gout salé des larmes. Oh, non... J'inspira brusquement pour essayer de calmer la vague de souvenir qui me prenait, mais les larmes continuaient de couler malgré tout les efforts que je faisaient. Oh, mon ange gardien, si tu existe, si tu as un peu de pitié, arrête ces larmes et ces souvenirs et fait que Louise ne me voit pas, qu'allait-elle donc dire, et surtout penser...?

- Non, je n'y croie plus. Plus maintenant...

Sa voix se brisa. Elle baissa la tête, le sujet l'avait mise mal à l'aise. C'était évident qu'elle ne se sentait pas bien vis à vis de ce qui venait de se passer. C'était dû à des souvenirs? Surement. Mais je ne lui en demanderai pas plus. Inutile de la faire souffrir, et de lui faire revivre son passé encore une fois. Je me questionnais juste sur la nature des souvenirs, étaient-ils heureux, et la rendait donc nostalgique, ou au contraire, ils étaient tout simplement douloureux? Peut-être les deux à la fois, qui sait.

Elle pleurait maintenant. Et c'était clair, elle ne voulait pas que je la voit. La voir aussi triste ma faisait un petit pincement au cœur, mais sur mon visage rien ne transparaissait. J'avais été naïve de penser qu'elle était encore jeune et innocente. Elle avait surement dû connaitre des choses assez dur pour son âge. La séparation de ses parents en autre. Enfin, séparation que je supposais, car aucun parent digne d'esprit ne laisserai son enfant ainsi, seule dans un endroit aussi mal famé que le bar où je l'ai trouvais plus tôt. Ou peut-être, étaient-ils simplement de mauvais parents. Je n'en saurais rien, je ne lui poserai pas la question.

- Zynthyo. Mon dragon, c'est son prénom.

Détourné la conversation, je n'avais rien trouvé de mieux. Je continuais de regarder le ciel, lui laissant le choix de sécher ses larmes ou non. Essayer de la réconforté n'aurait, je pense, servit à rien, ou empiré les choses. Simplement car elle essayait de me cacher ses émotions. Je continuais, en fermant les yeux. Je ne devais pas faire ça. Je ne le devais pas.

- J'ai toujours vécu avec lui, depuis ma plus tendre enfance. C'est ridicule, mais c'est un peu comme mon frère.

Insouciante. J'étais vraiment et absolument insouciante. Je n'avais révélé ses informations à personne auparavant. Seul les dragonniers échangent ce type de renseignements entre eux. Et le prénom du dragon ne doit pas être divulgué à n'importe qui. Surtout pas à une personne qui semblait ennemie du continent, question de principe.

Je ne sais pas vraiment si ma petite stratégie avait fonctionné, mais elle semblait s'être calmée. Tant mieux. Je ne savais pas comment elle allait réagir. J'espérais que ses souvenirs, étaient repartis loin, au plus profond de sa mémoire. Je l'espérais vraiment. Cela devait vraiment être douloureux, pour qu'elle en vienne à pleurer.

Fichues larmes. Maintenant, elle devait vraiment me prendre pour une gamine. Mais elle ne laissait tien paraitre, je le vis en écartant légèrement les doigts pour la regarder. Je lui en fus reconnaissante. J'espéra rapidement qu'elle n'essaie pas de me consoler. Ça aurait empirer, je dirait... Même si serait partie d'une bonne intention. Mes larmes continuaient de couler le long de mon visage, mes mains soutenant toujours ma tête pour que Louise ne voit pas mon visage.

- Zynthyo. Mon dragon, c'est son prénom.

Je releva brusquement la tête, elle ne me regardait pas. Elle continuait d'observer les étoiles comme si de rien n'était. Une vague de chaleur monta en moi, et une bouffée de reconnaissance pour la jeune femme me prit. Elle essayait de détourner la conversation. Essayait-elle de me faire oublier mon chagrin ou simplement désirait-elle me faire arrêter de pleurer parce que ça la gênait ? Je pencha plutôt pour la première partie. Bon, je devais l'avouer : je l'espérais.

- J'ai toujours vécu avec lui, depuis ma plus tendre enfance. C'est ridicule, mais c'est un peu comme mon frère.

En tout cas, elle devait certainement fournir un grand effort pour me parler de tout ça. A son visage, elle ne devait pas dire ça à n'importe qui. Ce que je pouvais parfaitement comprendre. Mes larmes commencèrent enfin à se tarir, et mes souvenirs, doucement mais sûrement, à refluer. Je réfléchissais à ce qu'elle venait de me dire. Cela représentait certainement beaucoup pour elle, ce qu'elle venais de me raconter. Je baissa mes mains de mon visage et essuya une dernière trace de larme sur mon visage. Je la regardais, bien que son regard soit concentré sur les étoiles.

- C'est un très joli prénom. Et je ne trouve absolument pas que c'est ridicule, au contraire... Vous avez bien de la chance d'avoir un compagnon qui vous comprennent et sur qui vous pouvez comptez tout le temps.

Mon regard se perdit dans la forêt. Les yeux dans le vague, je continuais d'un ton légèrement ... hagard. Je crois que je ne savais plus trop ce que je racontais.

- Merci. Et pardon. C'est juste que cette étoile filante... On avait tellement l'habitude, tout les trois, le soir... Je crois que je ne me suis pas encore totalement habituée... Avec Lui, surtout... Il veut qu'on soit parfait, mais on est loin de l'être... Il n'aurait pas dû... Non, il n'aurait jamais dû nous ...

Enfin, je m'interrompis. Je repris mes esprits. Bon sang, mais qu'est ce qui venait de me passer par la tête ?! Je ne me rendais même plus compte de ce que je disais. Non, là, c'était vraiment sorti tout seul. Mais quelle cinglée ! Louise allait vraiment me prendre pour une folle. Elle ne devait avoir rien compris à ce que je racontais. Il valait mieux, de toute manière ! Je n'osais même pas imaginer si elle comprendrait. Mais non, c'était impossible. Complètement impossible. Elle allait simplement m'enfermer dans un hôpital psychiatrique. Dans le meilleur des cas.
C'est vrai, le plus souvent quand je suis sous le coup d'une émotion forte (la colère aussi, mais plus rarement), je pétais les plombs. Je racontais n'importe quoi. Je divaguais.

A présent, je m'en rends compte pourquoi. Un flash soudain, sûrement. Je venais de balancer tout ça simplement parce que je n'ai jamais fait confiance à personne ici, en dehors de mes frères et sœurs - mais parce qu'ils étaient embarqués dans la même galère que moi, ce n'était pas la même chose. J'avais désespérément envie - besoin - de quelqu'un qui m'écoute. De quelqu'un qui me console, qui compatisse. J'avais envie de raconter mon histoire, qu'on me plaigne. Que je sois de nouveau choyée. Que j'ai un ami...

- C'est un très joli prénom. Et je ne trouve absolument pas que c'est ridicule, au contraire... Vous avez bien de la chance d'avoir un compagnon qui vous comprennent et sur qui vous pouvez comptez tout le temps.

Elle avait pris quelques secondes pour me répondre. Mais sa voir était plus ou moins redevenues clair, du moins, elle ne pleurait plus, tant mieux. Je m'en sentais soulagée, mais de nouveau rien ne transparaissait. Je continuais de fixer les étoiles bien que l'envie de voir de mes propres yeux si elle allait bien était grande. Elle reprit aussitôt.

- Merci. Et pardon. C'est juste que cette étoile filante... On avait tellement l'habitude, tout les trois, le soir... Je crois que je ne me suis pas encore totalement habituée... Avec Lui, surtout... Il veut qu'on soit parfait, mais on est loin de l'être... Il n'aurait pas dû... Non, il n'aurait jamais dû nous ...

Je me releva à moitié. Cette fois je la regarda. Il? J'avais peur de comprendre sa situation. J'avais entendu la rumeur selon laquelle on essayait de former des armées d'êtres afin d'anéantir le continent. Je trouvai ça grotesque au début. Mais devais garder la possibilité envisageable, étant donné, que je suis l'une des dernière gardienne d'Atlantique. Voir même la dernière. J'espérai, que pour rien au monde mes craintes soient fondées. Elles impliquaient bien trop de choses, de conséquences. C'est vrai qu'elle était différente, je l'avais compris depuis le début. Zynthyo m'avait fait part de ses craintes envers Candice, il m'avait parlé d'une aura noire. Et j'avais déjà combattu quelqu'un qui lui était semblable, que j'avais réussi à tuer, au bouts d'extrêmes efforts. Si cette théorie s'avérait exacte, fallait-il que je tue Candice aussi froidement?

Je m'en étais douté au début de la soirée, mais j'espérais que ça soit faux. Ou du moins que ça soit bien moins terrible que ce à quoi j'avais à faire. Mais, ce n'était qu'une enfant. Elle venait de pleureur face à moi à l'instant. Avait-elle vraiment l'âme d'une tueuse? Je me remémorais ce qu'elle venait de me dire. Elle n'était pas en accord avec les agissements de celui qui semblait la commander. Mais, avait-elle le choix?

Subitement, je me relevai complètement, et m'avançai lentement dans sa direction. Je m'agenouillai face à elle. Sans dire un mot. Puis au bout de quelques secondes, je la prit dans mes bras. Sans rien ajouté de plus. J'étais bien imprudente, une nouvelle fois, je le conçoit. Et, soupçonnant de sa part une collaboration quelconque avec une armée qui voulait la fin du continent, mon acte était d'autant plus irréfléchi. À tout moment, elle pouvait m'attaquer, et je me trouvais en très mauvaise position pour me défendre convenablement.

Je ne savais pas comment allait réagir la jeune demoiselle. Je ne savais même pas pourquoi j'avais réagit de la sorte. J'ai seulement pensé, qu'un peu de contact humain, lui ferait du bien. Depuis combien de temps ne l'avait-on prit dans les bras? Je me voulais réconfortante.

Je fermais les yeux, faite que je me trompe, faite qu'elle ne soit pas une simple arme. Elle était bien trop jeune.

Je me serais fichue des claques. Non, mais qu'est ce qui m'avait pris, là ?! Je venais simplement de lui révéler tout mes petits secrets de famille, ironiquement parlant. Elle s'était relevée à moitié. OH, NON ! Non, non, non, faites qu'elle n'est pas compris, ce n'était pas possible, bon dieu mais qu'est ce qui venait de me passer par la tête ?! Si elle avait compris, j'étais fichue... Complètement !
Elle me regardait. Bon dieu, elle avait compris. Mon cœur battit plus fort : quelle allait être sa réaction ? Tout se passait bien, avant que cette fichue étoile filante... Oh, bon sang, mais pourquoi ne pouvais-je jamais me la fermer ?! Louise avait l'air pour cette ville. Elle voudrait certainement me tuer... Comme elle en avait déjà tuer ? Non, ça je ne pouvais me l'imaginer.
En tout cas, ça me paraissait clair. Si je restais là, je ne survivrais pas longtemps. Si elle était vraiment une guerrière pour Atlantide et qu'elle avait compris que moi pas, que c'était justement le contraire... Elle allait vouloir me tuer, et moi j'allais aussi devoir essayer de la tuer...

Mais je n'allait jamais pouvoir faire ça... Enfin si j'en serais peut-être capable mais j'allais le regretter toute ma vie... Me battre contre la seule personne à m'avoir considérée comme une petite fille de 9 ans même en sachant ce que j'étais ?! Non, ça, ça n'allait pas être possible.
Et soudain, elle se leva. Tout mes principes de défense en main, j'attendis de savoir ce qu'elle allait faire. Tout mes sens éveillés, mes ailes frétillants dans mon dos pour se préparer à battre au moindre signe de danger - après tout, je ne m'étais pas trompée, elle avait bien tout compris ?!
Elle s'approcha lentement de moi, en me regardant. Mes ailes s'étirèrent dans mon dos sans que je les en empêche. Réflexe de fuite. Mais je ne fis rien, j'attendais encore un peu. Et soudain, elle me prit dans ses bras. J'en fus tellement surprise que je me laissa faire.

Qu'est ce qui lui prenais ? Je n'y comprenait plus rien. Je lui sortais pratiquement de but en blanc que j'étais ennemie d'Atlantis, et elle me prenait dans ses bras ! L'alcool ne lui réussissait peut-être pas si bien que ça, finalement.

Et si ... ? Non, s'imposa ma conscience avant même d'avoir pu terminer ma question. Pas question ! Si je commençait comme ça, ça pouvait très mal se finir. Et je ne voulais pas faire le premier pas vers la guerre. Moi, je ne commencerait pas. On resta comme ça de longues secondes. Une fois certaine qu'elle n'allait pas en profiter pour m'attaquer, je me détendis. Un peu. Un contact physique aussi proche, je n'en avais pas connu beaucoup, depuis que j'étais là. Je profita pleinement du moment, et savoura ce contact pendant un maximum de temps.
Puis je recula, me leva et la regarda avec des yeux empli de tristesse. Je murmura d'un ton presque inaudible mais je suis sûre qu'elle entendit quand même :

- J'en ai trop dit, n'est ce pas. Tu t'en doutais, hein ?

Le tutoiement était venu tout seul. Après tout, maintenant qu'elle allait vouloir me tuer, la politesse n'était plus forcément de mise... Je ferma pendant une demie-seconde les yeux, puis repris en la regardant, mes yeux rouges empli de tristesse.

- C'est dommage. Mais bon. C'est comme ça. Je suppose que je vais partir. Tu ne veux certainement pas trainer avec une vampire. Enfin, sauf si je me trompe encore et que c'est pire que ce que je crois...

Elle n'eut aucune réaction, pendant plus longtemps que je l'aurais imaginer. Elle ne m'avait pas repoussé, pas traiter de folle, et surtout, elle ne m'avait pas attaqué. Je lui en étais reconnaissante. Puis elle se leva, recula. Je restai à genoux, face à elle. Elle me murmura, doucement, presque imperceptiblement.

- J'en ai trop dit, n'est ce pas. Tu t'en doutais, hein ?

Oui je m'en doutais. Et toute la soirée je m'étais préparée à cette possibilité. J'avais envisagé se scénario, je me l'étais repassé dans la tête. Je m'étais dis que ce n'étais que l'espace d'une soirée, et que le lendemain tout redeviendrai comme avant, comme s'il ne s'était jamais passé. Que je la poursuivrai, et peut-être... Peut-être que j'aurais essayer de nuire à sa vie. Mais maintenant que j'étais réellement confrontée à cette réalité, je ne savais plus quoi faire. Qu'est-ce que je devais faire? Qu'est-ce que je devais faire bon dieu?!

Pourtant au fond. C'était simple. Extrêmement simple. Prendre mon épée et faire ce que je devais faire. C'est à ça que j'avais été préparé toute ma vie. Je l'avais déjà fait, et je le referais surement. Mais dans ce cas précis, à ce moment présent, est-ce que c'était vraiment ce que je devais faire? Est-ce que c'était vraiment ce que je voulais faire? Est-ce que ça dépendait vraiment de moi?

Mon visage était neutre, pourtant j'avais le cœur serré. Je ne laissais rien transparaitre, j'étais assez douée à ça. Ne rien montrer. Elle, ses yeux étaient emplis de tristesse. Elle était déçu. Nous étions bien mieux dans l'ignorance toute les deux. Même si ce n'étais qu'une apparence. Elle recommença à parler.

- C'est dommage. Mais bon. C'est comme ça. Je suppose que je vais partir. Tu ne veux certainement pas trainer avec une vampire. Enfin, sauf si je me trompe encore et que c'est pire que ce que je crois...

Je ne lui répondis pas tout de suite. Je me contentais de la regarder. J'étais encore à genoux face à elle. Le silence dura longtemps, plus longtemps que je ne l'aurais cru. Puis elle recula, prête à s'en aller. Elle ne me tourna pas le dos, c'est vrai qu'à tout moment j'aurais pu l'attaquer, la tuer. Mais, je ne pouvais pas la laisser partir comme ça. J'étais encore en plein combat intérieur pour déterminer ce qui était bon et juste de faire. Même si j'avais bien plus d'argument d'un des côté de la balance. À chaque fois la même conclusion me revenais en tête, la tuer. Pourtant, je ne pouvais pas. Je ne pouvais même pas bouger. Puis je brisai le silence qui s'était installer depuis bien trop longtemps, je lui dis juste avant qu'elle s'en aille, avec une voix un peu moins neutre qu'à l'habitude:

- Attends.

Nos regards se croisèrent. Mes yeux commençaient à me piquer légèrement. Pourquoi je me mettais dans cet état? Il n'y avait pas de quoi. Vraiment pas de quoi. Je continuais alors, ma voix qui continuait de dépeindre mon état, mais pas totalement.

- Tu as déjà tué des gens?

Quelle que soit sa réponse, je ne pense pas que je la combattrais. Je n'en avais pas la force. Je n'avais pas la force de tuer un enfant de 9 ans. Même si se raisonnement était ridicule, car au fond, son âge, qu'est-ce que ça changeait? Sa mission était la même. Mais tout de même, elle était bien trop jeune, un enfant n'a pas à tuer, à connaitre la mort de si près. C'était déjà bien trop pour un adulte. Mais un enfant...

Une larme coula le long de ma joue, pourtant mon visage était encore neutre. J'espérai un peu au fond de moi que Candice ne voit pas cette larme. Elle n'avait aucune raison de couler.

Le silence était le plus long qu'ont ait jamais eu depuis que je l'avais croisée, au bar. J'aurais dû m'y attendre, enfaite. Comment avais-je pu penser à passer une soirée tranquille avec quelqu'un, comme tout le monde ? Elle avait un visage neutre, et hésitait quant à ce qu'elle allait dire. J'étais sur mes gardes. Après tout, maintenant que toute illusion avait été détruite. Elle pouvait m'attaquer à tout moment. Et je n'étais pas certaine d'en réchapper. Mais - une pensée suicidaire me traversa l'esprit - je préférais encore être tuée par quelqu'un que je connaissait un minimum, comme Louise, que par un parfait inconnu... NON ! Mais qu'est ce que je racontais ?! Je voulais vivre, et j'allais vivre encore longtemps !
Je commençais déjà à reculer - en la regardant toujours, elle était toujours agenouillée - quand elle parla enfin.

- Attends.

Attendre ? Attendre quoi ? De me faire tuer ? Ce n'étais pas des paroles très rassurantes, et mes pensées encore moins. Nos regards se croisèrent et je vis... quoi ? étais-ce un effet de mon imagination ? Était-elle aussi affectée que moi, mais qu'elle le cache si bien ? Cet éclair dans ses yeux voulait-il dire cela ? Ou simplement qu'elle se prépare à combattre ? Je préférais largement la première solution, bien que je doive me préparer à toute éventualité... .

- Tu as déjà tué des gens?

Une question que je n'avais pas du tout prévue. Mais alors là, vraiment pas. Instinctivement, je porta ma main à mon cou. Là où était implantée la puce qui nous tuerait tous si on ne Lui obéissait pas. Un flot de flash-back me surprit. Je me revis debout devant Lui, seule avec seulement un homme affaibli à ses pieds, disant d'une voix ferme en le regardant droit dans les yeux - ne voulant pas voir la forme prostré à mes pieds...- un gros "NON". Je le revis les yeux étincelants de rage, appuyer sur un bouton. Et je me revis, deux secondes plus tard, hurlant de douleur, terrassée par une douleur immense comme je n'en avais encore jamais ressentie. J'étais par terre, me débattant contre cette douleur infernale, quand aussi soudainement qu'elle était apparue, la douleur cessa.
Pleurant de douleur, toujours couchée à se pieds aux cotés de l'homme, je mis passa une main dans mon cou et la ressortit poisseuse de sang. Je Lui jeta un regard empli de frayeur et il me redonna l'ordre. Jetant un regard rempli de douleur et de souffrance à l'homme coucher par terre qui me regardait d'un air terrifié, j’obéis.
Ma main, toujours serrée contre mon cou, se serra compulsivement et je frémis. Me rappelant soudain où j'étais, je regarda Louise. Une larme avait encore coulé le long de mon visage. Un long temps de silence était passé. Je répondis enfin, dans un bref murmure empli de douleur.

- Oui...

Puis je vis une larme couler le long de la joue de Louise. Elle n'était donc pas aussi insensible qu'elle le faisait croire. Comme elle l'avait fait quelques instants plus tôt, je fis comme si je ne l'avait pas vu. Je me racla la gorge et demanda, un peu hésitante.

- Et... toi ?

Je n'étais pas sûre de vouloir la réponse. Mais je me devais de poser la question. Je devais savoir.

Elle posa une main sur son cou. Elle semblait être ailleurs pendant quelques instants, ce qui malheureusement voulait dire bien plus que ce que je ne l'aurai cru. Une larme coula le long de sa joue. Elle devait être en train de se remémorer des choses horribles. J'en eu un pincement de cœur. Je t'en pris, ne me dis pas que tu as perdu ton innocence d'enfant en tuant, ne me dit pas qu'à seulement 9 ans, tu sois devenu une adulte. Sa main se serra autour de son cou, j'aurais voulu me lever, faire quelque chose mais rien ne vint. C'est alors qu'au bout d'un instant qui paru une éternité, elle me répondit d'une faible voix:

- Oui...

Je me sentis mal. J'avais donc eu une confirmation officielle. Si Zynthyo aurait été là, il m'aurait ordonné de l'attaquer. Il aurait dit qu'on ne pouvait plus rien pour elle et qu'il aurait été temps que je fasse quelque chose avant qu'elle ne le fasse. Pourtant je restais là, sans bouger, juste à la regarder. Comme on regarderais un enfant de 9 ans, parce que c'était ce qu'elle était. Je sentis une larme chaude couler le long de ma joue.

Elle se racla la gorge, et me demanda d'un ton hésitant, comme si elle avait peur de ma réponse:

- Et... toi ?

Je la fixai. Bien sûr. Tellement de gens. Bien trop de gens. Même s'ils n'étaient que des criminels de la pire espèce, qui étais-je vraiment pour leur avoir ôter la vie? Pour avoir le choix entre ceux qui devait vivre ou mourir? C'était mon rôle certes, et peut-être méritaient-ils leur sort. Mais moi, pour leur avoir ravis leur vie, pour leur avoir enlever à leur famille, je devenais une tueuse aussi odieuse qu'eux. Je détournais le regard quelques secondes, puis replantai mon regard dans celui de Candice, qui attendais ma réponse. Puis je lui dit à voix basse:

- Oui. Bien trop.

J'ai été entrainée toute ma vie dans se but. Tuer ceux qui menace notre continent. Protéger les habitants, et toute forme de vie appartenant à notre monde. C'était mon devoir. Je rependais à toutes ces personnes que j'avais exterminé. Et l'un d'entre eux, dont les caractéristiques étaient similaires à celles de Candice me revint en tête.

Peut-être fallait-il que je la mette au courant. Qu'elle sache que j'avais surement tuer un de ses camarades. Elle devait le connaitre. Ça ne date pas de longtemps. Quelques mois tout au plus. Et il fallait qu'elle sache qu'elle avait face à elle, son assassin. J'ouvris la bouche mais rien ne sortis, j'hésitais vraiment à lui dire. Si elle le connaissait, elle m'en voudra inéluctablement. Vais-je vraiment risquer qu'elle m'en veuille? Je continuais néanmoins, elle était en droit de savoir.

- Dont quelqu'un qui te ressemblait, en autre.

Je continuai de la fixer dans les yeux. Quelle allait être sa réaction? Je comprendrai la colère, la tristesse, la déception, la rage. Je me préparais à chacune de ces réactions. Mais si elle m'attaquait elle aurai l'avantage, face à sa puissance, ma simple dague ne me suffirai pas, il me faudrait mon épée, pour tenter de rivaliser avec elle.

Elle me fixa et je sentis venir sa réponse. Si elle tardait à répondre, ça voulait dire qu'elle hésitait. Et si elle hésitait, ça voulait dire oui... Je ferma les yeux - j'étais bien trop imprudente, si mes frères et sœurs me voyaient, ils me mettraient fortement en garde. D'ailleurs, ils m’engueuleraient certainement s'ils savaient où j'étais. Et en compagnie de qui. Surtout que si Louise me répondait par l'affirmative, j'aurais toutes les raisons du monde de me faire enguirlander. Sans aucune précaution. Et personne ne savait où j'étais. En plus. Enfin, elle répondit...

- Oui. Bien trop.

Elle avait dit cela comme si elle le regrettait. Mais... n'avait-elle le choix ? Elle, elle aurait sûrement pu choisir. Mais après tout, je n'en savais rien. Elle non plus, elle n'avait peut-être pas eu le choix. Je n'était pas apte à la juger, je ne la connaissais pas. Pas depuis très longtemps, en tout cas. Puis elle s'apprêta à ajouter quelque chose, mais elle se retint et ne dis rien. Je la regarda, comme pour l'inciter à dire ce qu'elle ne voulait pas dire. Puis elle le dit finalement.

- Dont quelqu'un qui te ressemblait, en autre.

Ah. Voilà qui expliquait bien des choses. Je ne savais pas si ça avait été une très bonne idée de le dire. Quelqu'un me ress... NON ! Je sursauta soudain et mes yeux flamboyèrent tendais que je réfléchissait. Etait-il possible que... Il y avait cet homme... Il était détesté par tous, arrogant et cruel, se prenant pour le roi du monde... Et il y a quelques mois, le Patron était venu et nous avait sorti, sans état d'âme, qu'il n'avait pas été assez prudent, pas assez discret, qu'il s'était fait descendre et que cela devait nous servir de leçon... Ainsi, c'était son assassin. Je regarda Louise, qui semblait attendre ma réaction. Pourtant, je restais calme. Longtemps. Un peu trop longtemps, même. Puis un léger sourire flotta sur mes lèvres.

- Ah. C'est donc toi. Eh bien... Je ne devrais pas te remercier, et c'est vraiment malsain de dire sa, mais... Tu nous a enlevés une épine du pied. Il était vraiment insupportable à vivre...

Je haussa les épaules. Bon sang, comment pouvais-je dire ça ! "Enlever une épine du pied"... et puis quoi encore ? Elle avait tuer quelqu'un avec qui je cohabitais et moi, je la remerciais presque ! Je leva les yeux au ciel. Ma bêtise me perdra, un jour.

[ Pardon pour le peu de texte, mais là j'ai pas trop d'inspiration... :/ ]

J'attendais patiemment, qu'elle fasse, ou dise quelque chose. N'importe quoi. Je voulais juste une réaction, et ce manque de réactivité m'inquiétais au plus haut point. Que pensais exactement Candice à ce moment précis? M'en veut-elle? Je comprendrais qu'elle m'en veuille.

Et contre toute attente, je vis un mince sourire sur ses lèvres.

- Ah. C'est donc toi. Eh bien... Je ne devrais pas te remercier, et c'est vraiment malsain de dire sa, mais... Tu nous a enlevés une épine du pied. Il était vraiment insupportable à vivre...

Elle haussa les épaules. Quoi? C'est tout? Je... Je ne suis pas sûre de comprendre. Pas de cris, pas de larme, pas de colère, pas de rage? Il est mort, point? Elle avait même presque l'air soulagée de la disparition de cet homme. Je ne savais pas vraiment comment réagir. J'avais le droit d'être contente qu'elle ne me tienne aucune rancune? Ou alors, je devrais être choquée que l'a mort d'un de ces camarades ne la touche pas plus que ça, bien au contraire. Je restais donc perplexe face à cette réplique. Je ne répondis rien. Je la regardais, simplement. Sans paroles superflue.

On resta donc silencieuses toutes les deux, sans bouger d'un pouce. Je ne savais pas vraiment comment répondre ou agir. J'arrêtai finalement de fixer Candice. Détournant complètement le visage en direction de la forêt. Tout était si paisible. Je fermais les yeux un instant, profitant simplement du soufflement léger du vent contre les branches des arbres. Que devais-je faire maintenant? Cette question me revenait sans cesse dans la tête. J'avais étais bien imprudente ce soir. Devais-je continuer à agir de la sorte comme si de rien était? Je pris alors mon courage à deux mains avant de lui demander, en posant mes yeux sur elle.

- Qu'adviendra t-il demain?

Je m'arrêtai un instant. Me relevant peu à peu. J'avais dit "Demain" mais je pensais à n'importe quel autre jour. Je pensais au moment où nous devrions nous séparer. Lorsque nos devrons reprendre nos statuts. Lorsqu'il sera définitivement de mon devoir de la tuer, et il sera du sien de m'éliminer. Si elle faisait réelement partie d'une armée ou d'un groupe formé pour détruire le continent, elle devrait se débarrasser des éléments trop perturbateurs. Et j'en faisais partie je pense. Car mon rôle est de protéger les habitants, de repousser ceux qui menacent leur vies. Et apparemment, qu'elle soit consentante à cette violence ou non, la demoiselle en face de moi était une menace.

- Qu'adviendra t-il lorsque tu devras les rejoindre? Quand tu devras reprendre ta place, et moi la mienne?

J'avais posé cette question, d'un ton neutre, le visage impassible, ne traduisant aucune émotion. Pourtant, je savais pertinemment et malheureusement ce qu'il se passera, demain.

[HRP: désolée du retard... ><]

Le silence se fit plus persistant encore. Ce devait être le silence le plus pesant depuis qu'on s'était rencontrés. Évidemment, je n'avais pas eu la bonne réaction. Qu'une petite fille se fiche de la mort d'un de ses camarades n'était pas forcément très bien vu, quel que soit l'endroit. Quel que soit la personne. Je fixais Louise, qui ne savait sans doute pas comment réagir. Elle détourna les yeux et le silence persista, encore et encore. Et ce n'était certes pas moi qui allait le briser. J'en avais déjà trop dit, ce soir. Bien trop. Enfin, elle me regarda, et je commençais à craindre ce qu'elle allait dire.

- Qu'adviendra t-il demain? Qu'adviendra t-il lorsque tu devras les rejoindre? Quand tu devras reprendre ta place, et moi la mienne?

Elle s'était relevée mais avait parler avec impassibilité. Pourtant, elle ne l'était pas réellement. Sinon, elle m'aurait déjà éliminé depuis bien longtemps. Si elle était vraiment indifférente, nous ne serions pas ici toutes les deux. Je soupira. Je pensais que c'était une question dont nous savions toutes les deux la réponse. Nous n'aurions pas le choix.

- Je crois que nous le savons toutes les deux pertinemment. Nous serons obligés de faire ce que nous devons faire. Mais personnellement, je ne me mettrais pas en travers de ton chemin. Je serais capable de faire mon devoir, mais je ne le souhaite pas. Je m'arrangerais pour ne pas me mettre dans les missions où je risque de te croiser...

Je commença à reculer et leva les yeux au ciel. Le ciel était rempli d'étoiles et mes yeux s'assombrirent. Un signe que seul moi venait de traverser le ciel étoilé et je fixa Louise comme pour graver son visage dans ma mémoire.

- Je dois aller les rejoindre. Ils ont besoin de moi.

Je lui souris, bien que ce soit un sourire un peu triste.

- Ça a été un plaisir de faire ta connaissance, Louise. J'espère que l'on se recroisera lorsque les temps seront plus calme, mais je sais que c'est un espoir insensé. Pourtant...

Je ne finis pas ma phrase, me contentant de soupirer.

- Au revoir, Louise.

Mes ailes s'étendirent dans la nuit, et, jetant un dernier regard à Louise, je m'envola gracieusement et fendis les cieux jusqu'à ne devenir plus qu'un point à l'horizon. En volant jusqu'à la base, je réfléchissais à cette soirée incroyable que je venais de passer et à la personne que je venais de quitter. Je soupira. J'espérais que la prochaine fois que la vois ne soit pas plus proche que je ne le pense...

[ Vraiment désolée du retard >< ]

Ma question n'avait aucun sens. Je savais exactement ce qu'il se passera, nous agirons comme si on ne s'était jamais rencontré. Comme si rien ne nous unissait. Qu'aurait-il put nous unir de toute façon? Nous étions toute les deux des adversaires. Nous imaginer autrement était effronté et inconcevable. Je crois qu'elle aussi en avais conscience, je me sentais assez stupide d'avoir demandé cela. C'était tout bonnement ridicule.

- Je crois que nous le savons toutes les deux pertinemment. Nous serons obligés de faire ce que nous devons faire. Mais personnellement, je ne me mettrais pas en travers de ton chemin. Je serais capable de faire mon devoir, mais je ne le souhaite pas. Je m'arrangerais pour ne pas me mettre dans les missions où je risque de te croiser...

Elle recula, les yeux vers le ciel. C'est donc ainsi que se terminera cette nuit sous les étoiles. Tout redeviendra comme si de rien était, comme si ne nous nous étions jamais rencontré. Et même si j'appréciai beaucoup le fait qu'elle essaierait du mieux qu'elle le pourrait de ne pas me recroiser de si tôt, je doute que tout soit aussi facile. Comme elle m'avait plus ou moins confirmée l'existence d'une "armée" qui se mettait en place, je ne pouvais pas rester les bras croisé. Il fallait que j'aille de moi même à leur rencontre, afin de les empêcher de nuire. Cependant je ferais du mieux que je le pourrai pour éviter de croiser Candice. Celle-ci reposa son regard sur moi, me fixant attentivement.

- Je dois aller les rejoindre. Ils ont besoin de moi.

Elle ponctua sa phrase par un petit sourire. Bien évidement qu'ils ont besoin de toi, comme les habitants du continent ont besoin de moi. Nous n'appartenons pas au même camps, et il faut que tu retourne auprès des tiens. Je sentais mon cœur se serrer doucement, appréhendant le reste de ses dire.

- Ça a été un plaisir de faire ta connaissance, Louise. J'espère que l'on se recroisera lorsque les temps seront plus calme, mais je sais que c'est un espoir insensé. Pourtant...

Elle laissa sa phrase en suspend. Le plaisir fut partagé. J'aimerai aussi beaucoup la revoir, mais, dans d'autre conditions. Lorsqu'elle ne sera redevenue qu'une enfant. Qu'elle ne soit plus obligée d'agir comme une arme de destruction. Oui, j'aimerai énormément la revoir dans ces termes. La jeune demoiselle reprit une ultime fois la parole:

- Au revoir, Louise.

Avant d'avoir le temps de répondre quoi que se soit, les ailes de la demoiselle s'élevèrent. Avant de me regarder une dernière fois, la jeune Candice s'envola. Sans se retourner. Elle était très gracieuse dans ses mouvements, on aurait dit un oiseau s’envolant au loin, tout simplement. Tout en la suivant des yeux, je me chuchotai alors à moi même:

- Au revoir, Candice.

Un mince et presque imperceptible sourire se dessina sur mes lèvres. Je me mis à regarder le ciel, les étoiles. Quelle belle nuit. Je pense que cette rencontre restera gravée longtemps dans ma mémoire. J’espérais néanmoins ne pas recroiser la jeune Candice de si tôt. Je craignais ce que je pourrai lui faire. Je chassai définitivement cette pensée de ma tête et appelai mon dragon. Il est temps de rentrer. Je ramassai mon épée, et attendais patiemment l'arrivée de Zynthyo.

Il arriva quelques instants plus tard. Il semblait rassuré de me voir seul, je suppose qu'il voulait me demander quelques explications mais je l'interrompis avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que se soit: "Rentrons chez nous". Il acquiesça, sans rien ajouter. Je montai sur son dos, et le reste du voyage dura dans le silence le plus total. Il ne posai pas question, et je lui en étais reconnaissante. Je ne sais pas si je voulais vraiment parler de cette soirée avec quelqu'un. Je préférai la garder pour moi, comme un secret inavouable et précieux.

[De nouveau, désolée du temps de réponse!]